Comme partout en Provence, la région de Forcalquier est un pays où l'homme est vieux. Avant l'époque romaine, une population méditerranéenne, les Ligures (à partir du Xé siècle avant notre ère) auxquels se mêlent après le VIé siècle les Celtes venus du Nord, vit une civilisation des collines basée sur les produits de l'élevage et de la forêt. En témoignent de nombreux oppidums, villages perchés fortifiés, dont le plus célèbre est le Chastelard de Lardiers, lieu d'un pèlerinage qui dura jusqu'au IIIé siècle de notre ère.
Les Romains, eux, privilégièrent les grands axes, avec la voie domitienne, une de leurs routes principales, reliant l'Italie à l'Espagne. On en repère encore les traces en de nombreux sites du pays de Forcalquier.
Le Moyen Âge voit un renouveau de la civilisation des collines, qui fera le succès de celle où est bâti Forcalquier Pendant plus d'un siècle, les comtes de Forcalquier vont faire de leur ville la capitale d'un état indépendant, avec ses souverains, ses lois et sa monnaie. C'est l'âge d'or du pays de Forcalquier que nous rappellent encore les nombreux monuments romans de la région.
Un mariage alliera finalement les maisons comtales de Forcalquier et de Provence, et les deux États seront réunis après 1209, conservant toutefois une certaine autonomie qui ne s'estompera que progressivement.
La fin du XIII, siècle voit le début d'une crise économique et démographique. En 1348 la peste noire frappe et s'installe pour des siècles, causant des ravages dont la Haute Provence aura du mal à se relever. En 1481 la Provence est annexée à la France, contre le sentiment des Forcalquiérens.
Comme au Moyen Âge les Juifs, les Protestants seront nombreux au XVIé siècle dans la région, avec les conséquences souvent malheureuses entraînées, ici comme ailleurs, par les guerres de religion. Après la Révolution, le nouveau régime permet à Forcalquier de conserver une partie de son pouvoir en y installant la sous-préfecture.
En 1851, Forcalquier et son pays comptèrent parmi les principaux acteurs de la révolte républicaine contre le coup d'état de Napoléon III. Malgré la répression féroce qui s'ensuivit, Forcalquier demeura jusqu'à la guerre de 1914 la capitale intellectuelle et artistique du haut-pays, ainsi qu'un des pôles de la renaissance provençale. La dernière guerre fît à nouveau de la région un haut lieu de résistance et Forcalquier conserve encore largement aujourd'hui son rôle de capitale culturelle du pays.
d'après J. Y. Royer